Il ne peut pas se passer un jour sans que sourde de moi une musique dont je suis l'auditeur attentif. La musique est l'ultime plaisir puisqu'elle nous donne cette satisfaction extrême d'être soi-même émetteur et récepteur au sein d'un seul et même mouvement. Voici la vie du lucide résumé dans un seul concept: celui de jouer de la musique. L'esprit est un instrument merveilleusement riche.
Méditant cela je me concentre alors sur le rythme, et la nature cyclique des choses en apparences linéaires. Dans tout changement, l'homme détecte des rythmes, des récurrences, quitte à les forcer.
Le rythme de mes mots; le rythme des idées; le rythme des oiseaux; le rythme de mes phrases; le rythme de mon coeur; le rythme de mes peurs; le rythme des vagues sur la grève; le rythme du souffle; le rythme des rencontres; le rythme des pierres; le rythme des plaisirs et des peines...
Le rythme est la forme temporelle des choses. Percevoir les rythmes c'est ouvrir un peu plus le troisième oeil qui se tient là, et peut devenir immense.
Si je ne devais réduire la vie (telle qu'un humain la conçoit) qu'à une chose, ce serait à la musique, et avant tout au rythme.
Je n'ai malheureusement que rarement su produire les rythmes aussi bien que je les sens.
Pas un jour sans musique, pas un seul, jusqu'au bout.