jeudi 28 janvier 2010

Les vieux

J'aime les vieux et leur peau creusée de lits faits pour les larmes qui délicatement coulent de leur yeux brillants.

Les vieux, tels d'antiques livres sont fragiles et forts tout à la fois.

Les vieux sont faits pour qu'on s'y accroche, ils sont plein d'aspérités pour la jeunesse, pour la beauté.

Silhouettes pleines et si légères pourtant, se découpant sur l'espace qui les mâche petit à petit.

Le temps est derrière eux alors ils le prennent et en rajoutent un peu devant leurs pas comme on mettrait un peu de bois dans un vieux poêle qui veut dormir.

Les vieux s'aiment fort, ils se regardent et puis sourient, ils se tiennent toujours par le bras parce que le bras c'est plus solide qu'une main. Les vieux avancent toujours à deux comme une berceuse et son tempo.

Que j'aime les vieux et leurs cheveux qui ressemblent au ciel l'hiver. Leur lenteur m'interpelle et me soulage, ils semblent glisser sur le monde, petits voiliers sur l'océan.

Serrer un vieux avec son coeur c'est coller sa joue contre un vieil arbre, c'est sentir le temps comme un ami.

Les vieux sont beaux et nous des cons.

Les vieux sont enfants de la Terre, ils parlent bas pour qu'on se taise.

Le Temps s'exprime à travers eux puis nous on gueule bien trop merdeux.

Adagio les vieux! Comme le temps. Adagio puis le repos comme une promesse.

Les vieux sont beaux c'est une sagesse, les vieux sont beaux pour qui sait voir en eux autre que sa propre peur.